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Trop de plomb et pas seulement dans nos logements !

Oui le CREP (Constat de Risque d’Exposition au Plomb) permet d’éviter l’exposition des occupants au plomb caché dans les peintures et revêtements anciens.
Oui, ce diagnostic plomb limite le taux de plombémie et réduit de fait le nombre de cas de saturnisme.
Mais le plomb ne se cache pas seulement dans les murs des constructions les plus anciennes. On sait que des bâtiments construits après 1949 peuvent encore avoir reçu durant des années encore des peintures et revêtements contenant du plomb, on sait que l’eau du robinet peut véhiculer du plomb que l’on ingère, mais des aliments peuvent en contenir aussi, le sol et donc nos cultures, le gibier, les plantes, etc.
Si le nombre de décès dus au plomb a été estimé à 412 000 chaque année aux États-Unis, il reste inconnu pour le moment en France où notre ‘consommation’ de plomb est d’autant plus difficile à quantifier que le plomb se cache un peu partout alors que les taux d’ingestion se cumulent.
 

Le plomb dans les logements même après l’interdiction

Le risque présenté par les composants des peintures a été partiellement endigué dès 1915 avec la promulgation d’une loi interdisant l’emploi de céruse par les peintres en bâtiment, puis totalement 33 ans plus tard (!) en 1948 où l’utilisation de céruse dans l’immobilier a été totalement interdite.

Diagnostic plombProscrite en 1948 d’emploi par les professionnels, la céruse a tout de même pu être commercialisée jusqu’en 1993 (45 ans après!). Ainsi, tout particulier non soumis à la réglementation des professionnels a pu employer de la céruse dans son logement jusqu’en 1993 voire même plus tard selon ses stocks...
A l’extérieur du logement, c’est pire encore puisqu’il s’y est agi d’employer du minium et des anti-rouilles à base de plomb commercialisés et employés tant qu’ils étaient encore disponibles dans les entrepôts des détaillants.

Pour mémoire : La céruse est un carbonate de plomb dont la toxicité est connue depuis l’Antiquité. Pour obtenir la céruse on oxydait des éléments en plomb en les vaporisant d’acide puis, afin d’obtenir du minium il suffisait de calciner cette céruse.
En France, on a reconnu la céruse comme hautement toxique dès 1877 depuis le cas d’une épidémie de saturnisme à Paris où les habitants intoxiqués n’avaient fait qu’acheter leur pain chez un boulanger employant des bois de démolition cérusés pour chauffer son four. Une ordonnance a alors interdit aux boulangers et pâtissiers d'utiliser du bois peint ou traité par un métal ou un produit chimique. C’est dire la haute toxicité du plomb et sa capacité à se déposer et d’incorporer aux éléments.

De nos jours donc, ce n’est pas parce que le diagnostic plomb n’est pas obligatoire que le logement ou la maison ne contient pas d’éléments recouverts d’un traitement au plomb.
Même une construction plus récente que 1949 est tout à fait susceptible de receler du plomb; c’est pourquoi il est question d’étendre bientôt l’obligation de CREP aux locations et ventes de logements construits jusqu’en 1975 selon les préconisations du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique).
 

Le plomb dans l’eau toujours d’actualité

Si une exposition au plomb peut être déjà due aux peintures et revêtements, une ingestion supplémentaire est possiblevia l’eau du robinet. Si, à cet égard, les distributeurs sont tenus de s’assurer d’un taux minimal avant d’injecter l’eau dans le réseau, c’est en aval de la répartition que la contamination se produit le plus souvent.
Les coupables sont les canalisations anciennes des immeubles et logements qui peuvent encore être en plomb mais aussi tous les raccords, toutes les soudures et brasures successives qui relient entre-elles des canalisations y compris plus modernes.
Même sur des canalisations plus récentes il se peut toujours que des réparations, ajouts et modifications d’installation aient été réalisés avec des alliages contenant du plomb.

Au final, c’est le consommateur de l’eau (saine au départ) qui se retrouve contaminé par l’ingestion de particules de plomb. Même minime le taux d’ingestion de plomb via la distribution d’eau utilisée aussi bien en boisson qu’en cuisine, vient s’ajouter à celui déjà obtenu par d’autres vecteurs dont les peintures, céruses et miniums mais aussi par les aliments que l’on mange et l’air que l’on respire.
 

Le plomb toujours présent dans l’atmosphère

Il est vrai que l’interdiction d’emploi du plomb comme anti-détonnant dans les carburants a fait considérablement baisser la teneur en plomb de l’air extérieur.
Mais il reste que des émissions industrielles (fonderies primaires et de recyclage, métallurgie, combustion du charbon, incinération des déchets …) émettent encore beaucoup de plomb dans l’atmosphère et donc dans l’air que nous respirons. Alors qu’on préconise d’aérer et de ventiler nos logements et lieux de travail afin d’éliminer les polluants intérieurs (COV, benzène, formaldéhyde, radon…), l’idée de les remplacer par le plomb qu’il y a dans l’air fait réfléchir…

L’interdiction de plomb dans les carburants a permis d’abaisser la concentration en plomb dans l’air.
A Paris les mesures au milieu du trafic indiquent que l'on est passé de 8 µg/m3 en 1978 à 0,2 µg/m3 en 1997, mais il reste que selon solidarité-santé, si la valeur limite moyenne annuelle de plomb dans l’air (0,5 µg/m³) est déjà respectée dans la majorité des villes fixée celle-ci est limitée à « sauf influence directe de sources industrielles ».
Or, selon l’Inserm, des régions et départements sont encore largement exposés à des taux élevés de plomb dans l’air ambiant. C’est notamment le cas pour le Nord, le Bassin parisien, la Picardie et la Bretagne qui sont des régions particulièrement touchées par le rejet industriel de plomb.

A savoir : L’Inserm publie une liste du des 40 installations industrielles françaises émettant du plomb dans l'atmosphèreau moins jusqu’en 1996 ; mais il faut rappeler que le plomb émis dans l’air retombe au sol qu’il contamine et donc finit dans les organismes animaux et végétaux qui le consomment.
 

Le plomb dans les aliments

Sur un sol contaminé ou dans une atmosphère chargée, le plomb se diffuse aussi bien dans les animaux que dans les végétaux. C’est ainsi que des cultures peuvent être chargées en plomb que l’on ingère par la suite (5 fois plus de risques de manger du plomb par 5 fruits et légumes).
Une étude menée à Sfax (à proximité d’une fonderie) a relevé des concentrations élevées en plomb, de l'ordre de 100 I1g/g MS, pour les feuilles lavées de l'olivier et du palmier dattier, et des concentrations plus faibles (50 I1g/g MS) pour les mêmes feuilles des espèces grenadier, amandier et vigne.

Chez nous, en France, un sénateur lance l’alerte: « On se préoccupe malheureusement peu de savoir si les plantes fortement accumulatrices ne sont pas utilisées pour certains animaux et génèrent ainsi (volontairement ou non) une contamination de la chaîne alimentaire. Comment contrôler alors la propagation ? Des recherches doivent être menées dans ce domaine.
C'est à ce stade que des contrôles doivent s'exercer. On observera que l'agriculture biologique est définie notamment par les apports aux sols et aux animaux : les agriculteurs bio s'interdisent d'utiliser des pesticides et engrais chimiques de synthèse.
En revanche, aucune condition n'est mise sur les sols eux-mêmes. On pourrait même imaginer une production biologique ou prétendument biologique sur un sol pollué... 
» Source Sénat.fr

Et puis, ce n’est pas fini, récemment, on s’est également plus qu’alarmé sur le taux d’ingestion de plomb via l’alimentation en plus d’autres contaminants (PCB, cadmium, dioxines). C’est ainsi que l’ANSES recommande de limiter la consommation de grand gibier sauvage à une fréquence occasionnelle (de l’ordre de trois fois par an) ; aux femmes en âge de procréer et aux enfants d’éviter toute consommation de grand gibier sauvage, compte tenu des effets nocifs du plomb observés durant la période de développement fœto-embryonnaire et au cours de l’enfance. Source ANSES

Il faut savoir que comme tous les métaux lourds, le plomb ne s’évapore pas et s’emmagasine dans les tissus organiques. Toute ingestion ou inhalation de particules de plomb quelle que soit sa voie d’entrée (air, eau, alimentation) vient se cumuler à la plombémie existante. Limiter son taux d’exposition au plomb n’est pas un luxe mais une précaution afin que la France ne détrône pas les États-Unis dans le bilan de 412 000 de morts dues au plomb chaque année.


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