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La détection du risque amiante victime collatérale du covid ?

On aurait souhaité que la fermeture des établissements scolaires au tout début de l’épidémie soit l’occasion de faire enfin effectuer le diagnostic amiante dans les bâtiments qui en étaient illégalement dépourvus. Las, l’épidémie est devenue pandémie et a mobilisé toute la nation. L’urgence de se protéger du risque parfois mortel à brève échéance d’une infection au covid 19 a naturellement pris le pas sur le risque de l’exposition à l’amiante tout aussi mortel parfois, mais à longue échéance. Une fois le douloureux épisode coronavirus dépassé, nos gouvernants, les élus, les chefs d’entreprises et d’établissements ne pourront plus ignorer leurs responsabilités en matière de santé publique. La protection des personnes aux différents risques dont l’exposition aux fibres et poussières d’amiante fait partie des urgences qu’il faudra assumer au plus vite. Victime collatérale de la pandémie, la protection des enfants et du public au risque amiante aura marqué le pas mais devra dès que possible être assurée avec autant d’énergie.

Une mobilisation exemplaire

Alors bien sûr, il y a eu et il y aura encore des couacs. Tout évènement d’une telle ampleur et d’une telle portée tend à dévoiler le pire de l’être humain mais aussi à en révéler le meilleur. On se rappellera un temps de ces personnages médiatiques ou pas, des voisins ou des inconnus qui ont donné, partagé, soutenu et on oubliera (ou pas) à terme ceux qui ont capté, détourné, dénigré.

Si toutes les professions ont été touchées par la crise sanitaire, certaines se sont comportées de manière exemplaire alors que leur activité était directement menacée. Outre bien sûr tous ceux, dont en premier lieu les professionnels de la santé, qui ont accepté de s’exposer au risque physique d’une infection, il y a les professionnels qui se sont démunis de leurs EPI pour les donner aux plus exposés.

Nota : Le mouvement #diagnostiqueurcitoyen lancé par l'OFIB en est la partie visible qui a été reprise par de nombreux organes dont DiagActu, DiagMag, Dimag notamment (liste non exhaustive) ; et nombreux sont les professionnels du BTP et les diagnostiqueurs immobiliers qui se sont démunis de leurs EPI pour en faire don souvent discrètement. Ces gestes n’en ont que plus de valeur quand ces donateurs s’en trouvent dépourvus lorsqu’il leur faut reprendre leur activité pour la pérennité de leur entreprise.

Il n’y aura peut-être pas de surcroît d’activité en diagnostics immobiliers durant un certain temps une fois passée la crise sanitaire. Un peuple devra faire face à la crise économique voire à une crise sociale pour lesquelles il n’existe pas d’EPI. Si le marché immobilier a besoin des diagnostics, les diagnostiqueurs ont besoin du marché immobilier. Il faut espérer une reprise d’ampleur que souhaitons.

 

Un sursaut d’activité dans la détection d’amiante ?

Il faudrait, c’est certain, que le risque amiante devienne le premier poste de santé publique une fois le risque épidémiologique écarté.

Il faudrait (mais ce n’est pas récent) que plus personne ne soit exposé au risque de développer une pathologie liée à une exposition à l’amiante. Pour cela, tout d’abord, faire effectuer enfin un diagnostic amiante dans les ERP et notamment les écoles, lycées et collèges mais aussi de l’étendre à tout le parc immobilier concerné.

Bien sûr, ce sera difficile pour un État et des collectivités exsangues financièrement de faire réaliser les diagnostics pour lesquels ils n’ont jamais débloqué jusqu’alors les budgets. Mais il appartient aux citoyens de faire pression sur leurs élus pour que leur santé soit durablement protégée maintenant que tous y ont été douloureusement sensibilisés. A moins que, la généralisation du port du masque n’incite les écoliers, collégiens et lycéens à assister aux cours masqués afin de se protéger non plus du covid mais des fibres et poussières d’amiante ?

Et puis, il n’y a pas que les ERP et établissements scolaires à diagnostiquer en regard de l’amiante puisqu’une partie du parc immobilier résidentiel en est toujours exclue. C’est notamment le cas du parc immobilier locatif pour lequel il n'existe pas d'obligation de joindre un diagnostic amiante au DDT location.

Nota : Même si le locataire peut demander à son bailleur une copie de l'état mentionnant la présence ou l'absence d'amiante celui-ci est fourni sans aucune précision sur la liste des MPCA. Pour répondre à la demande (non systématique) de son locataire, le bailleur peut fournir soit le DAPP (réalisé pour son lot s’il s’agit d’une copropriété), soit le cas échéant l'état d'amiante (s’il existe) qui lui a été remis lors de l’acquisition (récente) du logement.

Mais, si le bailleur loue une maison qu'il a achetée avant l'instauration du diagnostic amiante avant vente, il n'a en sa possession aucun document d'information sur l'amiante à fournir à son locataire.

Ainsi, même s’il est louable de s’attaquer aux passoires thermiques et à leur location à fin de préservation de l’environnement et de lutte contre la précarité énergétique, pouvons-nous encore laisser exposées des personnes au risque amiante sous prétexte qu’elles ne sont que locataires de leur logement ?

 

Étendre l’obligation de diagnostic amiante à la location

Bien évidemment, il était déjà difficile et il le sera encore davantage de faire accepter une obligation de diagnostic immobilier supplémentaire aux bailleurs. Mais c’est un problème de santé publique que nous ne pouvons plus négliger maintenant que nos dirigeants savent faire passer la santé des citoyens devant les problèmes économiques.

Puisqu’il est envisagé de moduler la capacité d’augmentation des loyers en rapport avec la classe énergétique du DPE d’un logement, pourquoi ne pas poursuivre l’action en faveur de la présence d’un diagnostic amiante avant location pour les logements concernés ?

A l’heure où chacun revoit ses choix en matière de logement au regard d’un nouveau confinement possible, il est certain que les locataires n’hésiteront pas à privilégier un logement attesté sans amiante plutôt qu’un logement incertain car dépourvu de diagnostic. Si nous passions jusqu’alors plus de 80 % de notre temps dans des espaces clos, un confinement a fait encore augmenter ce pourcentage. Et si ce premier confinement n’était pas le dernier, faudrait-il pour éviter une contagion, accepter le risque d’une exposition à l’amiante?

 


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