Cet été est chaud, aussi bien au point de vue des températures que des actions en faveur de la préservation de l’environnement. Avant même la rentrée des classes c’est en août que se tiennent le G7 et la fin de la concertation des fédérations avant de fixer les modalités d’attribution du CITE. Le lien entre ces deux évènements est surprenant car les positions affichées sont totalement contraires. Il est question de réduire la vitesse des navires marchands (*) sans toucher aux paquebots des croisiéristes ‘nantis’ alors que l’on veut exclure ces mêmes ‘nantis’ des droits aux aides à la transition énergétique et du CITE notamment. Pourtant, chiffres à l’appui, si la rénovation énergétique du parc immobilier résidentiel progresse c’est bien grâce aux ménages qui sont à l’aise financièrement. Les ménages à revenus modestes, pourtant bien plus victimes des hausses des prix des énergies, ne se sentent pas concernés par la rénovation énergétique de leur logement et freinent ainsi les ambitions environnementales nationales.
C‘est le titre de l’article du Figaro par lequel on constate qu’il y a davantage de foyers qui refusent de faire des travaux d’amélioration de la performance énergétique de leur logement (42%), que de foyers qui en ont réalisé (38%). Les autres (20%), s’ils songent à en faire, ne les ont toujours pas réalisés.
Les foyers les plus écoresponsables, ceux qui ont réalisé des travaux, sont ceux des seniors et des propriétaires d’une maison individuelle. En filigrane, on comprend que ce sont les ménages plutôt à l’aise financièrement qui ont réalisé le maximum de travaux pour réduire leurs consommations énergétiques. Ce sont ces ménages qui ont apporté une amélioration notable au parc immobilier résidentiel qu’il est prévu d’exclure du CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique). La conséquence prévisible en serait un arrêt total ou presque de la rénovation énergétique du parc résidentiel et l’échec programmé des ambitions de réduction des GES de l’immobilier résidentiel.
C’est évident, même si politiquement incorrect de l’écrire, et pourtant c’est l’argent qui permet au progrès d’avancer, y compris en matière d’environnement. D’ailleurs, le G7 est ce sommet qui réunit les riches car ces sept pays détiennent 2/3 de la richesse nette mondiale...
Les premières pompes à chaleur, les ballons solaires, le photovoltaïque, les ballons thermodynamiques, les isolants performants… sont d’abord apparus chez les ménages financièrement ‘à l’aise’ qui de surcroît étaient propriétaires de leur logement. C’est l’engouement de ces personnes à revenus plutôt élevés qui a permis la démocratisation de ces équipements et la baisse de leur prix pour qu’ils deviennent accessibles aux ménages à revenus modestes et que l’on puisse, au final, imposer des constructions neuves BBC (Bâtiment Basse Consommation) voire bientôt BePos (Bâtiment à énergie positive).
Si l’on freine brutalement le marché et la concurrence dans le marché de la rénovation énergétique, les prix des travaux risquent d’augmenter au fur et à mesure que le volume d’affaire diminue et les entreprises n’investiront plus dans la recherche de solutions encore plus performantes. Il suffit de constater le piètre résultat de la plupart des isolations à 1€, en attendant les chaudières et PAC au même prix….
Exemple : Le cas des voitures hybrides et électriques. Les premières hybrides ‘grand public’ dont la Toyota Prius étaient les voitures des stars et des ‘people’. Elles étaient chères à l‘achat mais leur succès chez les ‘nantis’ a permis de démocratiser le concept jusqu’à ce que la plupart des constructeurs l’emploient désormais. Il en est de même pour les voitures 100 % électriques où la marque Tesla se place en première place des ventes mondiales de voitures électriques alors que le prix d’entrée dépasse de beaucoup celui d’une Renault électrique.
Il en va de même pour l’immobilier, à la différence que l’espérance de vie d’un logement semble chez nous bien supérieure à celle d’une voiture. Et puisque l’immobilier se transmet au fil du temps comme les voitures, autant transmettre aux acheteurs et générations futures des logements économes et des voitures propres.
Ce 28 août se tiendra la réunion de travail point final de la concertation des professionnels du secteur de la rénovation énergétique par les équipes de Julien Denormandie, ministre du Logement, et d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique.
On prévoit raisonnablement qu’il a été et qu’il sera demandé de ne pas limiter autant l’accès au CITE afin que tous les foyers (et même les plus aisés) poursuivent la rénovation du parc immobilier résidentiel.
On espère, en outre, que sera demandée une aide à la rénovation énergétique au profit des particuliers bailleurs pour les logements qu’ils mettent en location. Il semble que ce serait le meilleur moyen d’améliorer la performance énergétique du parc locatif privé afin d’éradiquer la précarité énergétique des locataires à revenus modestes, ceux qui n’ont ni le désir ni les moyens de faire des travaux dans un logement qui ne leur appartient pas.
Même si le Gouvernement se doit d’économiser (y compris sur le CITE) s’il veut réussir à boucler son budget, le poids du marché de la rénovation énergétique (850 M€ et 760 000 salariés) a son importance dans l’espoir de croissance économique.
(*) La proposition de réduction de la vitesse des navires marchands émise par la France au G7 de Biarritz
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