Le risque ‘séisme’ est un des risques recensés dans l’ERP (État des Risques et Pollution) qui a remplacé l’ESRIS (ex ERNMT). Tout comme les autres risques miniers et technologiques, les niveaux de risques naturels font partie des principales préoccupations des acquéreurs et locataires d’un logement ou de tout autre bien immobilier. Si les niveaux des risques liés à l’eau (inondation, crue, submersion…) semblent assez fiables, les récents séismes en Charente et Charente-Maritime viennent semer le trouble dans la fiabilité à accorder aux informations relatives aux risques sismiques dans l’ERP.
Le 6 avril dernier a eu lieu au sud de Barbezieux (Charente) un nouveau séisme dans une zone pourtant signalée comme à exposition sismique faible. Ce dernier séisme d’une magnitude de 3,6 survient quelques jours après le précédent du 20 mars de 4,9 de magnitude sur l’échelle ouverte de Richter. Ces séismes ne sont pas les seuls ressentis par les habitants de Bretagne (Quimper la semaine précédente) ou des Charentes alors que le risque sismique dans ces régions est faible voire très faible selon le portail officier Géorisques.
Si, fort heureusement ces tremblements de terre n’ont fait ni victimes ni dégâts, leur survenue et leur fréquence dans des régions à ‘faible’ voire ‘très faible’ risque peuvent inquiéter. C’est notamment le cas pour Jonzac dont l’épicentre du dernier séisme n’est distant que d’une vingtaine de kilomètres.
Sur le portail officiel, on recense à Jonzac des séismes de magnitude supérieure à 5 avec une fiabilité des données « assez sûre » et résultant d’un « calcul précis » ; et pourtant la commune n’est classée qu’en zone de sismicité faible ce qui explique l’absence de PPRN séisme (Plan de Prévention des Risques Naturels) et l’absence de cette mention dans tout ERP (État des Risques et Pollutions).
S’il ne s’agit aucunement de remettre en question la fiabilité de la sismologie ni des sismologues qui y participent, on peut s’inquiéter de l’exploitation de leurs données.
En effet, si l’on se penche encore sur le cas de Jonzac (Charente), on y recense tout de même une dizaine de séismes connus et tous de magnitude supérieure à 4 dont les plus anciens datent de 1625.
Cela représente une somme d’enquêtes, de recherches et de suivis dont on ne peut que féliciter les auteurs. La question qui reste en suspens est comment ou pourquoi une zone ayant subi plus de 10 séismes supérieurs à 4 de magnitude est toujours classée à risque ‘faible’ ?
En explorant les sources du classement (guide PPR sismique et BRGM) on comprend que ce n’est pas la magnitude du séisme qui est prise en compte pour le classement des zones mais l’intensité du séisme. Cette intensité est mesurée sur une échelle fermée allant de 1 à 12 dont l’élément de mesure est le ressenti des personnes ou la portée des dégâts aux constructions. L’intensité la plus faible au niveau 1 étant le séisme ‘non ressenti’ alors qu’au-dessus du niveau 10 il est question de ‘catastrophe’ juste après les ‘destructions’.
Selon la même échelle de l’intensité du séisme, correspondent au niveau 6 des ‘dégâts légers (fissuration plâtres)’ et au niveau 7 des ‘dégâts (chutes cheminées, fissures murs)’ sans que l’on sache de quel type de construction il est question ni à quel point les fondations de la construction ont pu être impactées.
En Vendée entre 2016 et 2018, plusieurs séismes ont été ressentis et mesurés dont l’un de magnitude 4,8. La sénatrice, madame Annick Billon, avait demandé au ministre devant le Sénat que soit reconnu l’état de catastrophe naturelle en raison de ces événements naturels (sécheresse et séismes) qui « ont eu pour conséquence de fissurer d'une manière importante un minimum de cinq cents maisons, réparties sur quarante-six communes de Vendée ». Rappelons que cette reconnaissance d’état de catastrophe naturelle est la condition première pour obtenir la prise en charge des réparations par les assurances. Or, sa demande a été rejetée au motif qu’ « En raison de l'intensité non-exceptionnelle de ces secousses, aucune commune n'a été reconnue en état de catastrophe naturelle ».
Ainsi, on apprend que ce n’est pas parce que plus de 500 maisons ont été fissurées par de tels phénomènes de mouvement de sol que l’état de catastrophe naturelle peut être déclaré et que les assurances indemniseront les victimes. En outre, ces séismes de 2016 à 2018 restent introuvables sur la page séisme de la commune de Fontenay-le-Comte (proche de l’épicentre) où des séismes d’intensité 5 à 6 ‘dégâts légers (fissuration plâtres)’ sont recensés.
De là, quelle fiabilité accorder sur le niveau du risque sismique à mentionner obligatoirement dans un ERP quand des séismes capables de fissurer des maisons ne sont pas reconnus comme des catastrophes naturelles ni même mentionnés sur le portail officiel ?
Et quelle différence faut-il faire dans la lecture de l’ERP entre une zone à sismicité ’faible’ (enregistrant des séismes de magnitude 5) et une zone à sismicité ‘modérée’ enregistrant elle aussi des séismes de magnitude 4,8 occasionnant des fissures à plus de 500 maisons ?
Sur l’ERP (État des Risques et Pollution) ne figurent que des renseignements officiels dont la précision est également toute officielle…
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