Cette expression de ‘mettre du plomb dans la tête’ devrait être bannie de nos propos à l’heure où l’on continue de découvrir les conséquences à court, moyen et long terme d’une intoxication au plomb notamment des enfants.
Une étude récemment publiée mais poursuivie durant trente ans nous alerte à nouveau quant aux cas avérés de troubles psychomoteurs, de retards mentaux, de baisse des capacités physiques et intellectuelles dus à l’ingestion du plomb par les enfants. À terme, les enfants aux capacités cognitives altérées en raison de l’exposition au plomb seront des adultes limités dans leur ascension professionnelle et leur réussite sociale.
Même interdit en 1949, le plomb dans nos constructions est souvent encore trop présent pour éviter tout risque de saturnisme et toute baisse du coefficient intellectuel chez nos enfants. L’obligation de diagnostic plomb étendue aux logements plus récents que 1949, il en est sérieusement question et l’on comprend pourquoi.
Les enfants victimes d’une intoxication même légère au plomb sont déjà marqués dans leur développement par une baisse de leur Quotient Intellectuel (QI) comme le révèle l’étude, mais cela peut aller beaucoup plus loin en cas de saturnisme avéré.
Tout dépend en fait de l’âge des enfants, du niveau et de la durée de leur exposition et bien évidemment de la manière dont les particules de plomb sont ingérées.
Les études jusqu’alors réalisées ne s’étaient attachées qu’à mesurer les conséquences du saturnisme entraîné par une importante concentration de plomb dans le sang, mais l’étude publiée récemment par le Journal of the American Medical Association révèle que même pour des concentrations bien moins importantes, le plomb dans le sang a des effets neurotoxiques considérables sur les enfants et donc sur les adultes qu’ils deviennent et sur la société qu’ils intègrent.
Entamée en 1983, cette étude a suivi des enfants qui, plus de 30 ans plus tard, à l’âge de 38 ans ont perdu jusqu’à 4,5 points de QI parce qu’ils ont reçu une concentration de plomb de 109 µg/L dans leur enfance.
À savoir : En France, les seuils d’exposition au plomb, qui ont été revus à la baisse en 2014, sont de deux ordres. À partir de 25 µg/L de sang s’établit le niveau de vigilance puis 50 µg/L de sang est la concentration à partir de laquelle se déclenche le niveau d’intervention rapide qui comprend une déclaration obligatoire du cas et la mise en place de mesures de réduction de l’exposition au plomb.
Rappelons que le plomb a été interdit comme adjuvant dans les peintures en 1949 lorsqu’on s’est aperçu de la dangerosité de la présence de ce métal lourd dans nos habitats.
Le plomb lorsqu’il est ingéré se fixe dans le sang et les tissus cérébraux sans aucun espoir qu’il se dissolve. Les dégâts que provoquent les métaux lourds et le plomb en particulier dans le cerveau sont ainsi irréversibles. C’est notamment les enfants et d’autant plus lorsqu’ils sont en bas âge qui sont les plus exposés au risque de saturnisme causé par les peintures anciennes au plomb à l’intérieur des logements.
Avec le salpêtre souvent présent sur les murs anciens et humides, le plomb des revêtements dégradés se disperse en poussières et particules fines que les enfants jouant au sol mais aussi les animaux domestiques sont les plus susceptibles d’ingérer. La proximité du plancher d’abord au point de vue respiratoire mais aussi les poussières sur les jouets, la peau et les vêtements que l’enfant inhale ou porte directement à sa bouche sont les principaux vecteurs d’ingestion.
C’est pour lutter contre le danger sanitaire réel que présente le plomb dans les peintures anciennes aussi bien pour les enfants que pour les adultes, qu’un diagnostic plomb ou Constat de Risque d’Exposition au Plomb (CREP) est obligatoire avant la vente ou la location d’un logement ainsi qu’avant travaux ou démolition d’une construction ancienne. L’obligation s’applique dès lors que le bâtiment a été construit avant 1949 ; mais au-delà de 1949, des peintures au plomb ont encore été distribuées, vendues, achetées et donc utilisées en toute légalité.
C’est envisagé et même d’ores et déjà préconisé notamment par le Haut conseil de la santé publique (HCSP) qui a noté qu’en France les propriétaires et occupants de logements ont continué jusqu’en 1974 à utiliser y compris à l’intérieur des constructions des peintures et notamment des miniums et antirouilles contenant des concentrations élevées de plomb.
Dans un rapport publié en 2014, le HCSP recommande d'étendre l’obligation de diagnostic plomb aux logements construits avant le 1er janvier 1975 qui sont donc susceptibles d’avoir reçu des peintures au plomb du temps où celles-ci étaient encore disponibles sur le marché en raison des stocks des distributeurs et fabricants qu’il a fallu écouler.
Dans ce même rapport, le HCSP recommandait dès 2014 de fixer pour 2017, des objectifs de diminution de la concentration en plomb dans le sang de la population générale à une plombémie (concentration de plomb dans le sang) moyenne attendue de 12 µg/L avec 98 % de la population en plombémie inférieure à 40 µg/L.
Cette extension attendue d’obligation de réaliser un diagnostic plomb (CREP) avant-vente ou location d’un logement construit avant 1975 ne peut se concevoir qu’en accompagnement des mesures visant à annihiler le risque de présence de plomb dans l’eau du robinet que peuvent encore présenter certaines canalisations anciennes (et raccords de canalisations). À cet égard, les syndics de copropriété et gestionnaires d’ERP doivent y être sensibilisés car leur responsabilité peut être engagée.
SASU au capital de 100 000 EUR | Immatriculée au RCS de Bayonne sous le numéro unique d'identification 490 097 888