Merci une fois de plus à l’UFC Que-Choisir pour son implication dans la préservation de notre santé et de notre bien-être. Rebondissant sans doute sur la journée nationale de la qualité de l’air, l’association a saisi les pouvoirs publics pour que soient enfin traitées correctement des points essentiels sur l’air que nous respirons 8 à 10 heures par jour dans nos logements. COV, benzène, polluants divers, radon….nous empoisonnent à longueur de temps dans notre habitat alors que ces mêmes substances sont interdites sur nos lieux de travail. Le citoyen ne mériterait-il pas d’être protégé aussi bien que le travailleur ? Vers des seuils limites d’exposition aux agents dégradant la QAI (Qualité de l’Air Intérieur) ? On y vient.
La protection des travailleurs mais pas des habitants
C’est un fait, le Code du travail va bien plus loin que celui de la santé publique quant à la protection des personnes face aux dangers représentés par la pollution. Le cas de l’amiante et du plomb en sont l’image puisque les repérages avant travaux et démolition sont bien plus orientés vers la protection des intervenants de travaux que vers la mise en sécurité des occupants. L’exposition au radon pour sa part a été d’abord encadrée au profit des travailleurs des souterrains, tunnels et mines qu’à celui du grand public. Les choses évoluent, certes, mais assurément pas assez vite pour que tout un chacun soit protégé contre la pollution de l’air intérieur ; s’il existe bien une obligation de diagnostic et des seuils limites d’exposition aux polluants de l’air intérieur ceux-ci se limitent aux établissements de maternelle et du primaire, pour nos habitats rien encore ou presque. Et pourtant, même nos bambins passent davantage de temps à la maison qu’à l’école, et nous, adultes, passons plus de temps chez nous que sur notre lieu de travail.
Des polluants qui s’arrêtent aux frontières ?
On peut se poser la question puisque, vis-à-vis du formaldéhyde notamment, l’association relève que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a édicté des seuils limites d’exposition (de 10 à 100 mg/m3) que certains pays appliquent mais que la France ne reprend pas. Ce n’est qu’un produit polluant parmi d’autres mais qui est l’un des plus dangereux ainsi qu’un des plus courants. En effet, on retrouve le formaldéhyde dans les résines et les colles qui servent à fabriquer les bois agglomérés, les panneaux de particules et contreplaqués largement employés comme matériaux de la construction, de décoration et de fabrication de meubles, étagères, placards, cuisine, sous-face de plancher, plan de travail, entourage de lavabo, plafonds, cloisons….. Neufs, mais aussi en se décomposant, les résines et colles de ces matériaux peuvent émettre du formaldéhyde (entre autres) dans l'air intérieur ambiant et le taux d'émission fluctue en fonction des conditions climatiques.
A savoir : Les mousses isolantes de polyuréthane souvent utilisées pour l’isolation par injection dans les murs et les cloisons sont d’ores et déjà interdites dans certains pays scandinaves ainsi qu’aux Pays-Bas en raison de leur taux d’émission en formaldéhyde.
L’étiquette QAI trop laxiste ?
D’accord, il existe bien une étiquette QAI (Qualité de l’Air Intérieur) sur nos matériaux de construction et de décoration mais tout comme pour la FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire), sa déclaration dépend des fabricants et les données sanitaires n’y sont que rarement renseignées. En France, il faut alors consulter la base INIES afin d’obtenir des données contrôlées par un laboratoire indépendant ou se fier à des labels français ou européens bien plus exigeants (NF Environnement, EU Ecolabel, Nature Plus, Blue Angel, GUT, Emicode…).
Comme le note le CEREMA, le critère d’attribution du label en fonction des émissions en COV totaux varie fortement selon l’organisme qui distribue son label. Si NaturePlus attribue son label à une peinture mate pour intérieur dès lors qu’elle émet moins de 500 ppm de COV, le label NF Environnement ne réclame que 30 g/L une fois hors d’eau ce qui représenterait 15 000 ppm soit 30 fois plus ! Source CEREMA. Alors qu’on sait de plus que la teneur en COV d'un produit brut ne détermine pas forcément son taux d’émission final car certaines peintures ayant une teneur faible en COV à l’origine émettent davantage avec le temps que des peintures dont la teneur en COV est élevée. De surcroît, le niveau d’émission peut varier en fonction de l’âge du matériau, de la chaleur et de l’humidité ambiantes.
Vers un diagnostic QAI obligatoire avant la vente
C’est parmi toutes les mesures que recommande l’UFC Que Choisir, peut-être la plus sensibilisante pour le grand public. Obliger les vendeurs (et pourquoi pas les bailleurs) à joindre un diagnostic QAI au dossier de diagnostics immobiliers obligatoires avant la vente et/ou la location. Ce serait la seule façon (couplée avec un diagnostic ventilation/aération) de mesurer réellement si l’air intérieur de son futur logement peut présenter un danger pour les occupants en fonction de leur âge (nourrisson, personnes âgées), de leur sensibilité et état de santé. Car même en ne choisissant que des produits de construction, d’isolation, des colles, des joints, des revêtements, etc… à faible taux d’émission dans l’air intérieur, les taux finissent par se cumuler ; surtout qu'en outre, il peut se produire des interactions chimiques entre divers polluants émis pas divers produits. Et sur ce dernier point, aucune étude, ni label ne vient nous en assurer.
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