Le drame de l’incendie de la tour Grenfell a fait émerger quelques uns des problèmes liés à l’emploi de certains matériaux aussi bien dans la construction que dans l’isolation (ITE ou Isolation Thermique par l’Extérieur en ce cas précis). Se tourner alors vers des matériaux naturels, autres que l’amiante (bien évidemment), est une tendance très actuelle dans la construction et l’isolation ainsi qu’en décoration et notamment en revêtements de toiture, de sols, murs, plans de travail... L’orientation vers des matériaux d’origine naturelle permet d’éviter de faire entrer dans nos intérieurs des composés organiques volatils (COV) du benzène, formaldéhyde,etc. Toutefois, l’emploi à ces usages de matériaux naturels n’est pas sans risque et notamment face au radon que l’on peut ainsi importer jusque chez soi en zone exempte de radioactivité naturelle depuis une région à forte émissivité sans en avoir forcément conscience. Faut-il insérer l’émissivité en radon dans l’étiquette QAI ?
Comme le marbre et la pierre de lave, le granit s’installe partout ou presque dans nos constructions résidentielles comme tertiaires, et notamment sur internet où sa présence ne fait que croître sur les réseaux sociaux. Récemment, la communication à propos du granit s’est encore intensifiée parce qu’il a été créée l’Indication Géographique (IG) Granit de Bretagne.
Pour tout diagnostiqueur immobilier, ou personne sensibilisée, qui dit ‘roche’ pense ‘radon’ et qui dit ‘Bretagne’ pense ‘zone à forte émissivité naturelle’. Loin de nous l’idée de fustiger ni le granit ni la Bretagne, mais on peut lire sur le site de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne «Du fait de la nature de son sous-sol granitique, la Bretagne est l’une des régions métropolitaines les plus fortement concernées par le radon. Trois départements bretons ont ainsi été déclarés prioritaires en 2004 par arrêté ministériel : les Côtes d’Armor, le Finistère et le Morbihan».
Donc nos raccourcis de pensées étaient bien justifiés, mais cherchons à en avoir le cœur net...
En visitant le site internet valorisant cette indication géographique, bon nombre d’entre nous apprennent alors qu’il existe un centre technique spécialiste des matériaux naturels de la construction au service des professionnels des tuiles et briques, et des roches ornementales et de construction, le CTMNC sur lequel il semble probable de trouver le potentiel d’émissivité en radon des différents matériaux naturels dont le granit.
La piste de la QAI (Qualité de l’Air Intérieur) semblant la plus probable pour y trouver l’émissivité des roches et matériaux naturels de la construction, nous aurons le bonheur d’y trouver un ‘Livre blanc sur la qualité de l’air intérieur’ dans lequel on traite à de nombreuses reprises des moisissures et des produits toxiques, mais avec seulement deux occurrences au terme ‘radon’ dans une seule contribution….(merci à la Présidente de la CLCV pour ces deux seules mentions).
Alors sans nul doute, la plupart des matériaux naturels étant exempts de la majeure partie des polluants émis par de nombreux matériaux synthétiques ; ainsi il semble préférable de se tourner vers les premiers pour préserver la QAI chez soi.
La réglementation actuelle de l’étiquette QAI (ou émission dans l’air intérieur) selon le Décret n° 2012-14 du 5 Janvier 2012 relatif à la qualité d’air intérieur faisant obligation aux fabricants d’afficher la classe d’émissivité de leurs produits, le bois comme matériau naturel est soumis à cet étiquetage dès lors qu’il est traité (en raison de l’émissivité des produits fongicides et insecticides qu’il reçoit), mais les pierres, roches, terres cuites, ardoises non traitées ne sont soumises à aucun étiquetage QAI tant qu’elles n’ont pas reçu de traitement.
A savoir : Et pourtant le taux d’émissivité en radon des matériaux naturels de la construction est connu. Une certaine brique de terre cuite est signalée par le site GEO comme présentant « un taux d’exhalation de radon trente fois plus faible que celui d’autres matériaux de construction ». Comme quoi….
Le risque radon est d’autant plus significatif que la retranscription en France de la circulaire européenne Euratom a fait baisser les VLE (Valeurs Limites d’Exposition). La prise en compte du taux de radon dans l’ESRIS ainsi que l’obligation de mesurer son taux dans la QAI des écoles et ERP montrent bien le niveau de prise de conscience, tardif mais effectif.
Alors pourquoi ne pas insérer l’émissivité en radon des matériaux de construction et de décoration dans l’étiquette QAI ? L’indication de résistance au feu des matériaux n’a pas permis d’éviter le drame de l’incendie de la tour Grenfell, mais pour le risque radon (presque aussi cancérogène que l’amiante) il est encore temps.
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