Devant succéder et remplacer la Réglementation Thermique RT 2012, la future Réglementation Environnementale RE2020 tant attendue risque de décevoir. S’il était prévu depuis longue date que la RE2020 rendrait obligatoire le label Bepos (Bâtiment à Énergie POSitive) en construction neuve ainsi que l’avait fait la RT2012 pour le BBC (Bâtiment Basse Consommation), il semble que ce ne sera pas le cas et loin de là… La réglementation environnementale qui verra le jour dans quelques mois ne permettra pas d’atteindre les objectifs visés dans la consommation énergétique et les rejets environnementaux de l’immobilier. Non seulement les futurs logements neufs ne seront pas plus économes que les anciens, mais ils risquent même de consommer et de polluer davantage. Pourquoi et comment ? Voici ce qu’il est prévu.
L’expérimentation E+C-, lancée fin 2016 et son label Énergie Carbone devaient préfigurer la future Réglementation Environnementale RE2020, qui remplacera la RT2012 l’an prochain.
Durant trois ans, jusqu’à ce jour, des centaines de constructions et de rénovations conformes à ce label ont été entreprises partout en France et ont apporté de précieux retours d’expérience afin de pouvoir généraliser la construction de bâtiments à énergie positive BePos.
Outre cette volonté de bâtiment à énergie positive (Bepos), le label Énergie Carbone (E+C-) introduisait dans l’immobilier l’analyse du cycle de vie (ACV) du bâtiment prenant en considération l’empreinte de sa construction, de son occupation et de sa démolition. Une vision globale permettant de construire, d’occuper et de de recycler l’immobilier de façon responsable vis-à-vis de l’environnement et des personnes.
Mobilisant plusieurs professions agissant dans les multiples problématiques du bâtiment, l’expérimentation E+C- aura permis d’étudier et de mettre en application des solutions innovantes qui risquent bien de ne servir à rien, ou de ne servir que bien plus tard alors que l’urgence environnementale est là.
Si nous avions craint que la publication de la RE2020 soit repoussée (voir l’article) la RE2020 sera bien publiée (presque) à temps mais largement vidée de ses objectifs d’alors.
Il était pourtant annoncé depuis belle lurette que la RE2020 rendrait obligatoire la construction neuve à énergie positive (Bepos) succédant naturellement à la RT2012 qui avait imposé le label BBC (Bâtiment Basse Consommation).
Mais il semble que cet objectif sera purement et simplement oublié mettant ainsi la France en contradiction avec sa propre législation (Article 4 de la Loi Grenelle 1 «Toutes les constructions neuves faisant l'objet d'une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d'énergie primaire inférieure à la quantité d'énergie renouvelable produite dans ces constructions » ) et de surcroît contre la directive européenne 2010/31 du 19 mai 2010 sur la performance énergétique des bâtiments.
Et, non seulement l’obligation de construction du neuf à énergie positive ne s’appliquera pas, mais les consommations des appareils domestiques tels que l’électroménager, la cuisson, la bureautique… décrits dans les ‘autres usages de l’énergie’ ne seront pas prises en compte dans l’efficacité énergétique du logement. Y seront tout de même incluses (et c’est une avancée) les consommations d’énergie des ascenseurs et escalators, ainsi que l’éclairage et la ventilation des parties communes (y compris les parkings).
A savoir : Au niveau du confort d’été, la TIC (Température Intérieure Conventionnelle) qui est la moyenne des températures relevées au cours des cinq jours les plus chauds, ainsi que la DIES (Durée d’Inconfort d’Eté Statique) qui est le calcul du niveau de confort adaptatif effectué sur plusieurs mois devraient être remplacées. Le nouvel indicateur de confort d’été devrait s’appuyer sur l’inertie thermique de la construction en degrés/heure.
Malgré le tollé provoqué en avril 2019 sur l’éventualité d’une diminution du coefficient d’énergie primaire de l’électricité (passant de 2,58 à 2,1), il semblerait que ce soit bel et bien un coefficient toujours artificiellement réduit (à 2,3) qui servira de base au calcul de la performance énergétique et donc du DPE dans quelques mois.
On ne sait d’ailleurs toujours pas pourquoi ce coefficient, établi à 2,58 il y a plusieurs années, serait passé à 2,1, et puis, suite au tollé général remonté à 2,3, alors que la production électrique n’a pas suffisamment fait appel aux énergies renouvelables pour justifier une telle baisse.
En plus de la baisse du coefficient d’énergie primaire de l’électricité, il est également prévu d’abaisser dans la RE2020 l’impact environnemental du chauffage électrique. Alors que l’émission carbone du chauffage électrique était fixée à 210g de CO2 émis par kWh produit, un nouveau niveau d’émission serait pris en compte à seulement 80g de CO2/kWh, soit presque 3 fois moins…
De tels abaissements artificiels de ces coefficients rouvrent grand la porte au retour du chauffage électrique (y compris à convecteurs ‘grille-pain’) en tant que mode de chauffage dans les constructions neuves et en rénovation énergétique et abaisse l’intérêt des pompes à chaleur et autres dispositifs de chauffage non électriques.
Peut-on expliquer pourquoi tant de coupures, de reculades et d’abandons dans la RE2020 au détriment de la synergie engagée depuis la RT2012 jusqu’à l’expérimentation E+C- ?
Peut-être faut-il chercher quelques pistes au niveau des producteurs et distributeurs d’électricité qui ont obtenu des hausses de tarifs de l’électricité pour pouvoir continuer à faire des bénéfices ; ou de la hausse prévisible des prix d’un immobilier Bepos rendant le logement neuf encore moins accessible, ou peut-être de l’obligation qu’il y aurait eu à construire en Bepos le village olympique de 2024 (> 15 000 lits tout de même). Peut-être un peu de tout ça ?
Ne pourrait-il pas sembler assez étonnant que les chantiers d’aménagement du village olympique aient pu être attribués (donc chiffrés) bien avant que soient connues les règles de la construction qui seront applicables à partir de 2020 ?
Il semble que le Bepos ne sera pas définitivement enterré mais devra attendre fin 2024 ou 2025 pour être rendu obligatoire en construction neuve.
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