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Souriez, vous êtes chauffé (pour le moment)

En fait, au regard des interdictions d’emploi de combustibles fossiles et des hausses des tarifs de l’électricité, le chauffage risque bien de devenir un luxe. En plus d’être réservé aux mieux nantis, il se peut même qu’il ne soit pas toujours possible de se chauffer y compris avec des PAC (Pompes À Chaleur) qui, bien qu’économes en énergie, réclament tout de même une alimentation électrique. Centrales nucléaires en défaut, EPR fantômes, manque de vent dans les éoliennes… nous manquons d’électricité en France. Pire encore, ce manque d’électricité est flagrant alors que l’économie est au ralenti, les bureaux désertés, les usines en sous-production et les déplacements restreints. Qu’en sera-t-il de notre indépendance énergétique lorsque tous les commerces, bars, restaurants, salles de spectacles, aéroports, transports, ateliers et usines consommeront de nouveau de l’électricité au rythme d’avant covid ? Si la RE2020 impose quasiment le chauffage électrique dans tous les logements, la question préalable reste celle de savoir s’il y aura de l’électricité pour chacun ? Pas sûr, ou alors à quel prix ?

La consommation d’électricité baisse, mais la production aussi

L’an dernier, en 2019, la consommation d’électricité en France était à son plus bas niveau depuis 10 ans. Cette baisse, ou au moins une stabilité des consommations d’électricité, est régulièrement constatée depuis 2010.

Comment comprendre alors qu’on manque d’électricité en France quand les consommations n’ont jamais été aussi basses et que depuis les confinements les activités économiques (magasins, usines, ateliers, bureaux…) sont fermées ou au ralenti, que des milliers de locaux ne sont plus ni chauffés, rafraîchis ou éclairés, que les salles de spectacles, musées, cinémas sont fermés, que les aéroports sont presque arrêtés et que le trafic ferroviaire (électrique) est limité ?

À savoir: Une première analyse des répercussions de la crise sanitaire sur l’approvisionnement électrique a été faite par RTE le 11 juin. Cette analyse a mis en évidence une diminution importante de la consommation d’électricité au cours du premier semestre 2020 mais surtout un risque accru de tension sur le marché de l'électricité durant l'hiver 2020-2021. L'analyse actualisée en novembre montre que durant l'été et lors des débuts du deuxième confinement, la consommation est demeurée en retrait d’environ 3 à 4 points par rapport à une année normale (soit environ 5%). Source Vie-publique.fr

Pourquoi alors est-ce au moment où on n’a jamais aussi peu consommé d’électricité que RTE redoute une panne généralisée (black-out) et réclame que les abonnés diminuent leur consommation d’électricité puis envisage d’employer toutes les solutions possibles depuis l'arrêt de la consommation d'industriels, la baisse de la tension sur le réseau jusqu’à des coupures localisées temporaires ? Parce qu’on ne produirait en fait que juste assez d’électricité pour faire face à un hiver confiné (et encore) et surtout vraiment pas suffisamment si une activité ‘normale’ (sans confinement, télétravail, fermetures, ni couvre-feu) venait à reprendre...

Si pour cet hiver 2021, EDF justifie un manque de production d’électricité en raison du décalage d’opérations de maintenance à cause du covid, l’an dernier un même défaut de production était constaté et reporté au Sénat : « Le début de la période hivernale 2019-2020 est en effet marqué par une forte indisponibilité de notre parc nucléaire: plusieurs réacteurs ont été mis à l’arrêt par précaution et d’autres étaient encore en cours de maintenance ».

En fait, le point commun entre l’hiver et le défaut de production d’électricité c’est qu’ils se produisent tous deux chaque année et à la même période (quoique pour le défaut de production d’électricité, la durée semble pouvoir dépasser celle d’une simple saison).

Pas d’électricité pour tous, tout le temps ?

Donc, si nous risquons de manquer chaque hiver d’électricité parce qu’il fait froid, que la neige est molle, ou que les centrales nucléaires manquent d’entretien, on risque également d’en manquer s’il ne pleut pas suffisamment (hydroélectricité), s’il fait nuit (solaire photovoltaïque) ou que le vent manque (éolien).

Ces problèmes de défaut de production nous amènent donc à acheter de l’électricité sur le marché mondial. Or, sur ce marché, le prix du MWh (mégawattheure) varie certes selon le pays où il est produit, mais également selon l’heure de la journée, de la soirée ou de la nuit et donc de l’activité de la population locale. Ainsi, si le prix de vente du MWh peut rester relativement raisonnable lorsque le courant est produit en France de 50€ à 65€ selon les heures, il peut également être bien meilleur marché lorsqu’il est produit aux Pays-Bas (47€) ou beaucoup plus cher en Espagne ou au Portugal (près de 94€). Or, si EDF doit acquérir en urgence de l’électricité à prix fort sur le marché extérieur, il lui faut soit vendre ce courant à perte, soit augmenter son tarif à l’abonné.

C’est la double voire triple ou quadruple peine pour ce dernier qui est pénalisé de toutes façons. L’abonné doit financer EDF, RTE, etc. pour que ces derniers investissent dans des moyens de production, de transport et de distribution (EPR, centrales, compteur Linky…) mais lorsque ces moyens de production, de transport et de distribution sont mal conçus et/ou mal entretenus, l’abonné paiera encore davantage en partie pour tenter de réparer les erreurs (EPR), indemniser les victimes (EPR, Linky) mais aussi pour acquérir très cher sur le marché externe les MWh que nous n’avons pas su produire malgré ces investissements. Source des prix du marché sur rte-france.com.

Et lorsque le prix du marché international est trop élevé pour que l’on puisse revendre l’électricité sans perte, on sera tenté de procéder alors à des coupures de ‘délestage’ pendant lesquelles les abonnés perdent l’usage de tous leurs appareils électriques et électroniques (éclairage, chauffage, ECS, réfrigérateur, informatique…). Sauf que le délestage, s’il est autorisé, est encadré par un arrêté et ne devrait être employé qu’en cas de force majeure (technique mais jamais financière) et surtout pas lorsque les obligations résultant des accords entre réseaux interconnectés peuvent être assurées.

À savoir : Hausses de prix récurrentes et défauts de production répétés, notre situation semble vouloir ressembler bientôt à celle de l’Espagne où pour beaucoup d’abonnés le tarif de l’électricité est variable et indexé sur le prix du marché. En ce mois de janvier, au passage de la tempête glaciale Filomena, le coût du MWh qui figure sur les factures d’électricité atteint en moyenne 72,21€. “Il faut revenir douze ans en arrière, en septembre 2008, pour trouver un mois où le prix de gros de l’électricité a été supérieur”. Source El Mundo

 

Et demain ?

Si, comme le signale Planet.fr, le groupe EDF perd de l’argent lorsque l’on consomme le moins d’électricité (comme durant les confinements), et si le groupe perd de l’argent quand on consomme le plus d’électricité (qu’il faut acheter cher à l’étranger), on peut (doit) raisonnablement s’inquiéter de l’avenir économique du groupe et donc de l’alimentation électrique de nos foyers.

Entre ‘plan mimosa’ et ‘projet Hercule’, il semble que les catastrophes toujours en cours des EPR de Flamanville et d'Okiluoto contribuent à mettre sérieusement à mal les finances du groupe et celles de la France (l’État en est l’actionnaire principal) déjà surendettée par la gestion de la crise Covid.

Qu’il y ait ou pas démantèlement du groupe EDF, le prix de l’électricité va exploser (tant qu’il y en aura pour tous) sauf bien sûr pour les agents et ex-agents d’EDF qui ne règlent que 10 % de leur consommation d’énergie et bénéficient de la gratuité de l’abonnement. Source Le Parisien.

Ne serait-ce que pour payer les hausses répétées de budget du ‘grand carénage’ (évalué à 45 milliards d’Euros en 2018, il est déjà ré-estimé à plus de 49 milliards -pour le moment-) visant à prolonger la vie des (très) vieilles centrales nucléaires existantes, il va falloir trouver de l’argent que nous n’avons plus pour produire le courant dont nous allons manquer. Et ce, d’autant plus si nous souhaitons relocaliser en France une grande partie de l’industrie qui pour le moment consomme son électricité dans d’autres pays et si nous voulons réellement laisser se développer le véhicule électrique.

À savoir: Pour que le courant électrique ne manque pas à chacun (sauf à ceux qui sauront produire et stocker leur propre énergie électrique), un projet d’ordonnance vise à étendre l’autoconsommation collective et les communautés d’énergie. Source Construction21

Bien sûr, s’il ne peut être envisagé raisonnablement d’alimenter par des panneaux photovoltaïques les convecteurs ‘grille-pain’ (bientôt sponsorisés par la RE2020), il est toutefois concevable que cette production alimente des PAC (Pompes À Chaleur) à fins de chauffage et des ballons thermodynamiques.

Donc, le solaire photovoltaïque ne doit plus être une option lors de la construction ou de la rénovation d’une maison mais devrait devenir une quasi-obligation à l’image du solaire thermique pour la production d’ECS (Eau Chaude Sanitaire). 


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