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Un facteur de concurrence en diagnostic immobilier

La précarité énergétique est un problème social et environnemental contre lequel il est normal que tous les acteurs institutionnels se mobilisent. A l’image de l’état, les régions et départements ont déjà pour la plupart mis en place des programmes d’aides afin de sensibiliser et d’accompagner les ménages défavorisés dans la rénovation énergétique de leur logement.

Outre les chèques énergie, les CEE, les prêts et crédits d’impôts (qui se traduit par un chèque pour les non imposables), des actions multiples sont mises en place à tous les niveaux car l’enjeu est double : Aider les ménages à se chauffer correctement pour le côté social, et d’autre part éradiquer les passoires thermiques afin de limiter l’empreinte environnementale du logement.

Si on ne peut que féliciter les différents acteurs engagés dans cette double tâche, on peut toutefois être amené à se questionner sur la façon dont certaines enseignes semblent vouloir s’immiscer dans la profession et récupérer une part importante du secteur du diagnostic immobilier.

Est-ce le cas pour le programme DEPAR de La Poste ? Une simple question ou un cheval de Troie dans le DPE ?

 

Les postiers vont faire des DPE ?

En fait, non, les facteurs vont utiliser leurs connaissances de leur secteur pour faire la prospection mais ce sont les postiers qui feront les DPE. Il est certain que La Poste a une excellente (si ce n’est la meilleure) vision en temps réel du parc immobilier ainsi que la connaissance des occupants de ce parc résidentiel.

Qui mieux que le facteur connaît le quartier ou la zone rurale qu’il arpente chaque jour ou presque et a le contact aussi fréquent avec des personnes parfois isolées à qui il apporte mandats, courses, retraite, colis, etc ?

Sensibiliser ses facteurs à détecter les habitats vétustes et les habitants défavorisés est louable car socialement utile. Mais il y a des cas où l’excès de générosité peut être assimilé à de la concurrence dès lors qu’un marché ou un secteur sont à capter.
Sans vouloir fustiger La Poste qui socialement et bénévolement chaque jour œuvre pour le bien de notre société, on peut raisonnablement s’inquiéter de voir demain un groupe d’une telle envergure déferler sur le marché du diagnostic immobilier.

C’est pourtant une inquiétude légitime à la lecture du communiqué de presse du programme DEPAR de La Poste.

 

Qu’est-ce que le programme DEPAR ?

En lisant ce communiqué on y apprend que La Poste va d’abord fournir aux collectivités une prospection du secteur en identifiant «les zones les plus propices à une action sur la rénovation énergétique», ce que beaucoup de sociétés commerciales qualifient de ‘prospection’. On apprend aussi que «Les critères du ciblage peuvent être la période de construction du logement ou le type de chauffage».

Si l’ancienneté d’une construction peut aisément être connue de tous, la connaissance du type de chauffage ne l’est bien souvent que de ceux qui ont soit questionné les occupants (prospection) soit ont eu accès à leur logement.

Déjà à ce titre, savoir que le facteur identifie le système de chauffage et/ou la température du logement à chaque fois qu’il pénètre un habitat peut être dérangeant ; mais apprendre en plus qu’il consignera et fera remonter ces données devient inquiétant. Surtout qu’il n’y a aucun moyen pour le particulier de faire appliquer ses droits en matière d’informatique et liberté puisque les données n’ont pas été officiellement collectées et n’ont pas été numérisées. Quant à savoir qui les utilisera au final et quel est leur niveau de confidentialité… Nous n’avons pas trouvé ces informations à la lecture du communiqué.

Une fois les logements vétustes ou mal chauffés identifiés, le programme DEPAR se poursuit par la remise aux occupants d’informations de sensibilisation à la rénovation énergétique afin de ‘pré-qualifier’ le bien immobilier et/ou le foyer.

A ce stade, informer et sensibiliser est toujours aussi louable. Là où ça se gâte ou pourrait se gâter, c’est que le facteur va ensuite «programmer une visite d’un postier expert pour réaliser un diagnostic énergétique de son domicile, pris en charge par la collectivité».

Et oui ! Il s’agit bien d’un ‘diagnostic énergétique’ (sic) et bel et bien réalisé par un ‘expert’ même si ce dernier est ‘postier’ et non diagnostiqueur immobilier…

 

La certification DPE des postiers

In extenso : «Pour accompagner les particuliers intéressés par un projet de rénovation, La Poste mobilise un réseau de postiers experts ayant suivi une formation FEEBAT (recommandée par l’ADEME, Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) qui réalisent, à domicile, des évaluations énergétiques des logements concernés au nom de la collectivité.

A la suite de l’analyse du logement, le postier expert informe le particulier des différents niveaux de performance énergétique qu’apporteraient des travaux de rénovation. Il l’informe également des dispositifs d’aide au financement et des subventions accessibles sur son territoire, puis construit avec lui son projet personnalisé de rénovation. »

Alors, si les ‘postiers experts’ ont suivi une ‘formation recommandée’ et qu’ils préconisent des solutions de rénovation énergétique, ils se rapprochent bien de la mission d’un diagnostiqueur immobilier conduisant un DPE.

Mais même s’il n’est pas choquant de voir des ‘postiers experts’ employer un logiciel (normalisé?) pour effectuer un DPE, on peut se demander quelle est leur indépendance vis-à-vis de toute entreprise de travaux et notamment si les entreprises qu’ils recommanderont pour effectuer les travaux d’amélioration de la performance énergétique ne seront pas celles qui annoncent sur les sites du groupe. La réponse est aussi dans le communiqué de presse : «La Poste accompagne ensuite le particulier dans les différentes étapes de son projet, de la mise en relation avec les artisans locaux compétents...».

Entre diagnostiqueur immobilier et postier expert, il y aura alors une énorme différence surtout lorsque le DPE sera opposable et qu’il faudra se prémunir des recours éventuels grâce à une RC Pro….Mais pas de panique, la Banque Postale en propose.

 

 

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