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Audit VS DPE, le dilemme énergétique des diagnostiqueurs

Reconnaître aux diagnostiqueurs immobiliers la compétence pour effectuer des audits énergétiques peut apparaître comme une bonne nouvelle. Toutefois, même s’ils en acquièrent le complément de compétence après une formation complémentaire, cette opportunité peut aussi apparaître comme un cadeau empoisonné. Car même s’il s’agit d’un énorme volume de prestations supplémentaires, certains diagnostiqueurs semblent ne pas vouloir en profiter en raison de doutes et d’inquiétudes. Quand quasiment toutes les professions se réjouiraient d’accroître leur chiffre d’affaires en ajoutant une corde à leur arc ; pourquoi certains diagnostiqueurs immobiliers refuseraient-ils de réaliser les audits énergétiques ? Existe-t-il un conflit entre DPE et audit énergétique ? Si oui, lequel ?

L’audit énergétique, un chiffre d’affaires colossal ?

Si le coût moyen envisagé jusqu’alors pour effectuer l’audit énergétique d’un logement tourne aux alentours de 700 €, il représente plusieurs fois le coût moyen du DPE de ce même logement. 

Or l’obligation d’audit énergétique devrait s’appliquer dès 2023 (voire courant 2022) aux logements mis en vente ou en location dès lors qu’ils sont en classes F & G du DPE. Le parc actuel de ces logements ‘passoires énergétiques’ étant estimé à 5 millions, on peut croire qu’il y aura de fait plusieurs millions d’audits énergétiques à réaliser.

Un peu plus tard, en 2025, puis en 2034, ce sera au tour des logements en classes E puis D du DPE d’être soumis à l’obligation d’audit énergétique avant vente ou location. Cela concernera au final plus de la moitié du parc résidentiel qui représente 29 millions de logements. Même si tous ces logements ne seront pas forcément mis en vente ou en location, il n’en reste pas moins que même juste 10 millions d’audits énergétiques à 700 € pièce, cela représente pas mal de chiffre d’affaires pour les ODI même s’il faut le partager avec les architectes et les thermiciens… 

Mais alors pourquoi rechigner ?

Des ODI réfractaires ou juste prudents ?

Même ceux qui font confiance dans l’édition (à temps) et dans la précision des logiciels requis pour effectuer un audit énergétique, même s’ils croient à la qualité des formations complémentaires requises pour se positionner sur ce créneau, certains ODI craignent d’y laisser leur âme ou tout au moins leur déontologie.

En effet, pour qu’un logement soit soumis à l’obligation d’audit énergétique, il faut tout d’abord qu’il ait reçu un DPE. Seul le résultat de ce DPE permettra de savoir si et quand ce logement devra recevoir un audit énergétique avant vente ou location. Or, rappelons que le but de l’audit énergétique est de préconiser les solutions pour que le logement gagne une à trois classes de DPE. Le problème risque alors de se poser entre réalisation du DPE (opposable donc parfait) et gain de classe(s) énergie. Surtout lorsque le DPE a pu être effectué sans visite complète du bien (parties inaccessibles, calcul effectué sur les dires du propriétaire…) mais que l’audit énergétique imposera l’accès à toutes les parties de la construction et la mesure effective des matériaux et isolants.

De là, on pourrait envisager que le diagnostiquer en charge conjointement du DPE et de l’audit énergétique d’un logement soit tenté de dévaloriser la classe énergie du DPE pour pouvoir aisément présenter des solutions de rénovation performante (+ 1 à 3 classes de DPE) lors de l’audit énergétique. Mais ce serait oublier que le DPE étant opposable, aucun diagnostiqueur immobilier ne saurait (on l’espère) prendre le risque d’une telle pratique.

Une multiplication des recours ?

Un autre risque qui pourrait également surgir serait celui de discrimination entre opérateurs et/ou professions.

Dès lors qu’un DPE (opposable) aura été émis, si un audit énergétique est requis, il faudra revoir tout ou partie des éléments du DPE original. Si le même opérateur effectue les deux opérations, il pourra se baser sur les résultats de l’une pour entamer la suivante. 

Mais que se passera-t-il lorsque deux enseignes et/ou deux professions concurrentes effectueront un calcul sensé aboutir au même résultat sur des éléments éventuellement différents avec des logiciels ayant évolué entre-deux ? 

Verrons-nous éclore d’innombrables recours ? Verrons-nous une ou plusieurs professions dénigrer les méthodes et/ou les résultats des diagnostiqueurs immobiliers ayant effectué le DPE d’un logement soumis ensuite à l’audit énergétique ?

Beaucoup de doutes et d’incertitudes qu’il sera bon de lever avant que l’obligation d’audit énergétique n’entre en vigueur. Fort heureusement celle-ci à été décalée et on espère ne pas assister au même fiasco avec l’audit énergétique que celui qui s’est produit avec le ‘nouveau DPE’.


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