Dès juillet 2022 il ne sera plus possible de poser ou de remplacer une chaudière fonctionnant au fioul ou au charbon. Et bientôt, la Réglementation Environnementale interdira l’installation du chauffage au gaz dans les maisons individuelles puis dans les immeubles collectifs. Que va-t-il alors rester comme alternative pour se chauffer chez soi ? Les ambitions de réduction des émissions de carbone et de gaz à effet de serre sont tellement drastiques qu’il va falloir abandonner au plus vite nos systèmes conventionnels de chauffage. Le problème est qu’à moins de revenir au plus simple des poêles à bois, tous les autres modes de chauffage nécessitent de l’électricité pour fonctionner ; et que l’électricité risque fort de manquer.
Lorsqu’on s’intéresse à la formulation du décret, on remarque qu’il n’est en fait nullement question d’interdire les chaudières au fioul et au charbon mais de déterminer un seuil d’émissions polluantes que les chaudières au fioul et au charbon ne peuvent respecter.
Il en est toujours de même pour les voitures, où plutôt que d’interdire les V8 américains, on a fixé des seuils d’émission polluantes que seules nos petites voitures pouvaient respecter à l’époque. A coups de malus d’écotaxe automobile (jusqu’à 40 000 €) et de vignettes Crit’Air, l’Etat nous dissuade car il ne peut interdire. C’est le même système qui se met en place dans l’immobilier. En fixant un seuil maximal d’émissions polluantes on interdit la pose ou le remplacement de chaudières au fioul et au charbon sans se mettre à dos les fournisseurs de ces énergies.
Ce qui vient d’être mis en place pour le fioul et le charbon se profile déjà pour le gaz. Déjà, dès 2019 on a dissuadé les propriétaires de se tourner vers le chauffage au gaz en supprimant les tarifs réglementés. Et puis, s’il n’est pas expressément formulée d’interdiction du chauffage au gaz, les seuils d’émission de gaz carbonique sont et seront fixés si bas que la pose d’une chaudière au gaz sera pratiquement impossible.
À savoir : Le seuil d’émission de GES (Gaz à Effet de Serre) dans le neuf est établi à 4 kilos de gaz carbonique par m² et par an, ce qui implique que seules les maisons individuelles au label ‘bâtiment passif’ sont en mesure dorénavant d’être chauffées au gaz. Pour les logements collectifs, les seuils d’émission de GES devraient passer de 14 kg de CO2 par m² actuellement à 6 kg bientôt. Il semble donc que dès 2024 l’utilisation du gaz dans un logement collectif en neuf ne sera plus possible.
D’accord, il faut interdire le fioul et le charbon car ces énergies (à 314 gCO2eq/kWh PCI) dépassent bien le seuil des 300 gCO2eq/KWh PCI fixé par décret . Mais le gaz, aussi bien le propane que le butane, n’ est pas loin derrière à 270 gCO2eq/kWh PCI.
Il suffira qu’un nouveau décret abaisse ce seuil maximal d’émissions de CO2 pour que le chauffage au gaz soit totalement écarté (il a déjà été question de 250 gCO2eq/KWh PCI).
On a beau nous répéter qu’il est toujours possible de se chauffer au fioul à condition d’utiliser du ‘bio-fioul’ et qu’il sera possible de poser des chaudières au gaz si elles fonctionnent au ‘biogaz’, il reste à savoir si ces carburants écologiques seront produits en quantité suffisante.
Le problème du bio-fioul est déjà qu’il coûte plus cher que le fioul fossile et qu’en plus sa fabrication sera de plus en plus limitée. Comme il est fabriqué à base de colza et que la culture du colza chute en raison du réchauffement climatique, l’utilisation du bio fioul en chauffage domestique semble bien illusoire. Source LeMoniteur.
Pour le biogaz, GRDF nous rassure en annonçant « 196 sites de méthanisation injectent déjà dans les réseaux gaziers en France. Un chiffre qui va s’accroître puisque plus de 1 100 projets sont actuellement en cours de concrétisation ». Mais pour mémoire, l’EPR de Flamanville est toujours ‘en cours de concrétisation’ depuis 2007 et n’est toujours pas en service. Et il faut d’ores et déjà augmenter la production de nos centrales à charbon pour produire suffisamment d’électricité cet hiver même si cela ‘coûte’ un million de tonnes de CO2 en plus ! Source FranceTVinfo.
On est bien loin alors de nos ambitions E+C-…
Avec l’ambition déjà évoquée de descendre le seuil d’émissions en CO2 des chauffages de nos logements à 250 gCO2eq/KWh PCI, il ne restera que peu de solutions.
Les bio-carburants comme le bio-fioul et le biogaz semblent bien mal partis s’il faut employer des insecticides, pesticides et beaucoup trop d’eau pour les produire surtout quand le rendement à l’hectare du colza diminue et que sa culture est menacée. On oublie donc la généralisation des chaudières à bio-fioul et biogaz pour devoir se tourner vers le chauffage au bois ou les pompes à chaleur.
Mais le chauffage au bois doit déjà respecter des normes (Flamme Verte) voire des interdictions (comme en vallée de l’Arve) et fait l’objet du Plan d’action – réduction des émissions issues du chauffage au bois en France.
Quant aux pompes à chaleur pour remplacer des chaudières cela constitue un supplément de consommation électrique auquel il semble déjà difficile de faire face cet hiver et qu’il sera de plus en plus compliqué d’alimenter au rythme de leur généralisation.
Au final, c’est bien le défaut de production d’électricité qui va mettre tout le monde ou presque à égalité puisque quel que soit le système de chauffage ou de production d’ECS (Eau Chaude Sanitaire) que l’on emploie, il aura besoin d’électricité pour fonctionner. C’est le cas des chaudières à bio fioul, à biogaz et à granulés de bois mais également de la grande majorité des ballons d’ECS solaires.
On peut alors se demander s’il était tellement judicieux de favoriser autant le recours au chauffage électrique dans le calcul du nouveau DPE (Diagnostic de Performance Energétique) alors que nous n’avons déjà plus les moyens de produire suffisamment d’électricité pour alimenter la faible consommation de nos vieilles chaudières.
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