Oui sans aucun doute. Selon une étude italienne, il y aurait jusqu’à 700 000 fibres d’amiante dans certains réseaux d’eau potable. Non seulement l’amiante dont l’eau se charge en traversant les minéraux serait éventuellement présente, mais pire, encore ce serait les réseaux d’adduction qui pollueraient l’eau délivrée. La faute en reviendrait aux canalisations anciennes en fibrociment amianté qui en se délitant libérerait des fibres d’amiante dont l’eau du robinet se charge. D’après l’étude Cador de 2002 sur l’état des canalisations d’alimentation en eau potable environ 50% du réseau des canalisations d’eau serait antérieur à 1972 et 20 % seulement des canalisations posées avant 1960 sont en fonte grise ou en acier . Il y aurait 906 000 km de canalisations d’eau potable en France dont environ 36 000 km en amiante-ciment...
A savoir : L’étude Cador de 2002 préconisait un remplacement total en 2015 au plus tard des canalisations d’eau potable en amiante-ciment posées entre 1950 et 1985. A ce jour, il ne nous a pas été possible de savoir si le remplacement complet des canalisations amiantées a bien été achevé conformément au programme.
Outre le fait que tout produit alimentaire préparé avec de l’eau amiantée est donc susceptible de contenir de l’amiante, il faut aussi savoir que les vins et les bières ont jadis été filtrés à l’aide de filtres amiantés et que des vêtements et linges anciens peuvent avoir été tissés avec des fibres contenant de l’amiante.
Selon l’étude italienne, l’ingestion de fibres d’amiante serait cause de cancers gastro-intestinaux qui viennent s’ajouter aux risques de cancers pulmonaires dus à l’inhalation de fibres d’amiante.
L'amiante est une famille de fibres minérales qui sont présentes naturellement dans les roches. La fibre d'amiante, indécelable à l'œil nu, donne une partie de ses propriétés (résistance au feu notamment) aux matériaux auxquels elle est incorporée.
L’amiante a été employée déjà en poterie à la préhistoire (- 5 500 ans) puis dans le tissage de vêtements (Charles V avait impressionné ses invités en se jetant dans un feu une fois enroulé dans un drap tissé d’amiante et en sortant indemne tel le Phoenix). Puis en industrie, c’est dès 1879 que l’amiante a été employée dans le confinement des machines puis dans les matériaux et éléments de la construction.
Il faudra attendre 1899 et la relation entre un cas de fibrose pulmonaire et la présence d’amiante dans l’air d’un atelier de tissage et 1930 pour que soit publiée la première étude sur la dangerosité de l’inhalation de fibres d’amiante. Suite à cette étude, dès l’année suivante en 1931, a été publiée la première réglementation contre l’amiante pour la protection des travailleurs.
En 1951 soit 20 ans après on a commencé à remplacer l’amiante par d’autres fibres minérales non cancérogènes ; en 1961 (encore 10 ans de plus) est parue une obligation de porter des EPI (Équipements de Protection Individuelle) en cas de manipulation d’amiante, mais il faut attendre encore près de 40 ans pour que l’usage de l’amiante soit interdit en France puis en Europe ; et encore, pas de toute l’amiante, mais de quelques unes de ses formes.
Il existe deux grandes familles d’amiante :
les amphiboles : la crocidolite, l'actinolite amiante, la trémolite amiante, l'anthophyllite amiante et l'amosite. L'amosite et la crocidolite sont les plus courantes car les plus employées à l'échelle industrielle. Les amphiboles se présentent sous forme de fibres microscopiques (en suspension dans l’air) mais aussi sous forme de cristaux (enrobés routiers notamment).
les serpentines dont la forme la plus courante est le chrysotile, (90% de l'amiante en applications industrielles) qui se présente sous forme de fibres blanches et ondulées. Selon le Dossier Médicotechnique TC 71 de l'INRS: Physiopathologie des maladies liées à l'amiante : « Le chrysotile est légèrement moins biopersistant que les amphiboles, et l'organisme pourra en éliminer une partie »… . Source Eurofins
Si la plupart des appareils récents et notamment les spectromètres de détection d’amiante, sont utiles pour déceler la présence de fibres d’amiante (2 000 à 3 000 fois plus fines qu’un cheveu) dans la construction, seules deux techniques complémentaires permettent d’en écarter toute éventualité : La MOLP et la MET.
La MOLP : Microscopie Optique à Lumière Polarisée permet l'analyse de matériaux fibreux (et, dans certains cas, de matériaux non-fibreux) grâce à l'utilisation d'un faisceau de lumière polarisée, toutefois, l'analyse réalisée par un microscope optique ne permet pas de s'assurer de l'observation de fibres dont le diamètre est inférieur à 0.2 microns ;
La MET : Microscopie Électronique à Transmission qui permet l'analyse de matériaux fibreux et non-fibreux autorise des agrandissements suffisants (entre 10 000 et 20 000 fois).
A savoir : La mesure de l'amiante dans l'air pour la protection des opérateurs de désamiantage, initialement réalisée en microscopie optique à contraste de phase (MOCP à grossissement 400 ) a été remplacée en 2012 par une technique de mesure par microscopie électronique à transmission (MET grossissement 10 000 ) qui remplace également dans cette recherche la MEB, pour Microscopie Électronique à Balayage qui est de résolution moins élevée que la MET.
Et puis, outre les matériaux de la construction, l’eau des canalisations en amiante et les enrobés routiers, malgré l’interdiction d’emploi d’amiante, il faut savoir que tout comme le risque radon, le risque amiante dépend du secteur géologique. Si le risque radon fait désormais partie éventuellement de l’ERNMT (État des Risques Naturels Miniers et Technologiques) en zone sensible, le risque naturel de présence d’amiante est consultable sur le rapport final du BRGM : Recensement et classement des sites naturels amiantifères et des formations géologiques amiantifères en France.
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