On le sait, depuis des années qu’on nous recommande de ne pas chauffer nos intérieurs au-delà de 19°C. Depuis, tous les calculs et préconisations des thermiciens et diagnostiqueurs sont basés sur une température de confort d’hiver des logements et bureaux à 19°C. Or, il a été constaté que malgré l’exécution de DPE, d’audits thermiques et des travaux d’amélioration de la performance thermique associés, les occupants avaient le plus souvent tendance à chauffer leur intérieur au-delà de ce seuil pour s’y sentir en confort. Ainsi est apparu un effet pervers des travaux d’amélioration de la performance énergétique, puisqu’un logement consomme désormais moins d’énergie, ses occupants peuvent le chauffer davantage pour la même dépense voire pour moins cher. Au final, les objectifs visés de réduction des volumes de consommations d’énergie et de rejets de GES ne sont pas atteints et peuvent même augmenter. La clé du confort intérieur semble résider non pas dans le seul chauffage mais également dans l’hygrométrie ; d’où la notion d’hygrothermie.
Selon une étude, les niveaux de température intérieure générant le moins de personnes insatisfaites seraient de 21°C pour celles effectuant un travail léger et autour de 26°C pour les personnes statiques ou au repos.
On est alors bien loin des préconisations de température de confort à 19°C.
Comme il serait obscène de recommander d’élever à 26°C la température ambiante de nos locaux, il faut alors rechercher ailleurs que dans la température de l’air, les sources de confort thermique des occupants. C’est là que d’autres leviers entrent en jeu dont la température des parois, la circulation de l’air et l’hygrométrie.
On ne le sait pas toujours mais la température des parois est un critère de confort ressenti. C’est ainsi que même chauffés une heure avant l’arrivée des occupants des édifices, des bureaux et des logements peuvent sembler être froids parce que les parois n’ont pas eu le temps de monter à la température de l’air. Monter le chauffage pour surchauffer l’air intérieur est un réflexe contre-productif alors qu’il vaudrait assurément mieux réchauffer lentement et surtout plus tôt les locaux à occuper. En outre cette méthode facilitée par les programmateurs et la domotique permet d’éviter des pics de consommation et permet de plus de contrôler plus facilement l’hygrométrie (degré d’humidité) de l’air et des parois en limitant les problèmes de condensation.
Même si l’humain est moins sensible au degré d’hygrométrie qu’au degré de température, la synergie de ces deux éléments est réelle.
S’il apparaît que la plupart des individus ne peuvent faire la différence entre 40 % et 60 % d’humidité dans l’air, il demeure des seuils d’hygrométrie qui génèrent des ressentis d’inconfort.
En dessous de 30 % d’humidité dans l’air, des gènes apparaissent dont l’augmentation de l’électricité statique, l’intolérance aux odeurs et l’augmentation de la concentration de poussières dans l’air. Puis, au-delà de 70 % d’humidité, la condensation apparaît et augmente la prolifération microbienne alors que des sensations de touffeur et de moiteur sont ressenties.
Ainsi, un air trop sec ou un air trop humide est certes inconfortable, mais génère en plus un impact hygiénique et sanitaire à prendre en compte. Selon l’étude Scofield et Sterling, la plage de taux d’humidité ambiante optimale d’un point de vue hygiénique se situerait entre 40 % et 60 %.
A savoir : Ce qui est bon pour l’humain entre 40% et 60% d’humidité de l’air l’est aussi pour ses constructions et effets. A ces taux d’hygrométrie, la prolifération de moisissures, champignons dont la mérule est réduite voire inexistante tout comme celle des mites et d’autres insectes nuisibles.
Pour un confort optimal si l’on accepte une température de l’air aux environs de 22°C, le taux d’humidité relative recommandé se situe entre 40 et 65 %. Mais il n’est pas nécessaire de maintenir la température d’hiver aussi élevée dans nos locaux et logements à condition de jouer sur les deux facteurs indissociables de température (thermique) et d’humidité (hygrométrique) et d’entrevoir l’hygrothermique.
Selon l’article de R. Fauconnier L’action de l’humidité de l’air sur la santé dans les bâtiments tertiaires (paru dans la revue Chauffage Ventilation Conditionnement), le polygone de confort hygrothermique couvre une étendue suffisamment vaste.
Il commence un peu au-dessus de 17°C avec une hygrométrie de 30% et se termine à 26°C avec une hygrométrie de 52%. (Image et source consultable sur Energie-Plus).
La ventilation et l’aération surtout en contrôlant l’hygrométrie sont donc des facteurs indispensables au confort et liés étroitement au chauffage. Mais attention aux effets pervers d’un défaut ou d’un surcroît d’aération ou de ventilation.
De la même source on découvre que la vitesse de l’air (relative par rapport à l’individu) est un paramètre à prendre en considération. Cette vitesse de l’air influence les échanges de chaleur par convection et augmente l’évaporation à la surface de la peau.
À l’intérieur des bâtiments, on considère généralement que l’impact sur le confort des occupants est négligeable tant que la vitesse de l’air ne dépasse pas 0,2 m/s.
En-dessous de cette vitesse et jusqu’ à 0,08m/s les individus peuvent se plaindre de cette sensation de stagnation de l’air ambiant alors qu’au-delà de 0,25m/s le ‘courant d’air’ devient inconfortable.
A savoir : Pour se donner une échelle d’appréciation, se promener à la vitesse de 1 km/h produit sur le corps un déplacement de l’air de 0,3 m/s. C’est à cette vitesse de l’air qu’à l’intérieur des locaux et bureaux les papiers commencent à se déplacer.
Il devient donc indispensable dès lors que l’on veut réduire les dépenses en énergie d’un logement ou d’un local tertiaire d’envisager le confort sous son aspect hygrothermique et non plus seulement thermique.
Une bonne ventilation semble autant nécessaire qu’un bon chauffage afin d’améliorer le confort des occupants tout en assurant la performance énergétique. A ce titre, on se demande si le DPE (en cours de refonte) ne devrait pas inclure un diagnostic ventilation et non se limiter à l’intégration des consommations en énergie (primaire ou finale…) des dispositifs de ventilation.
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