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Le commerce de l’amiante toujours florissant

Bien sûr, l’utilisation de l’amiante a enfin fini par être bannie en France longtemps après que l’on en ait constaté la dangerosité. Les mieux informés se souviennent du lobbyisme du Comité Permanent Amiante (CPA) créée en 1982 qui a finalement permis de poursuivre pendant 15 ans de plus l’extraction, la commercialisation, la manipulation et l’emploi de ce matériau déjà reconnu bien auparavant comme cancérogène. Pour les autres et pour nous tous, il faut savoir que le lobbyisme de l’amiante n’est pas mort, loin de là. L’amiante chrysotile, ou amiante blanc, pourra être encore commercialisé officiellement dans le monde, en raison du veto de certains pays producteurs à l’inscrire dans la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam. Donc, à moins de contrôles sévères à nos frontières, y compris des contrôles destructifs au cœur des matériaux, il sera encore possible de rencontrer de l’amiante dans des produits importés.

 

La Convention de Rotterdam

La convention de Rotterdam de 1998 définit le ‘consentement préalable en connaissance de cause’ qui valide le droit pour un pays de décider quels sont les produits chimiques et/ou pesticides dangereux qu'il veut bien recevoir sur son sol et de refuser ceux qu'ils ne se sent pas en mesure de gérer en toute sécurité.

Ainsi par exemple, un pays ayant ratifié la convention (dont l’Union européenne et l’ensemble des États membres) peut refuser l’importation d’un produit chimique ou d’un pesticide sur son territoire sans pour cela créer une entrave au commerce international et/ou au traité de Maastricht. La seule condition pour interdire une telle importation est que ce produit soit inscrit dans la liste des produits visés par la convention et présents dans son annexe III.

 

A savoir : L’objet exact de la convention de Rotterdam porte sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international. Elle a pour but d’encourager le partage des responsabilités et la coopération entre parties dans le domaine du commerce international des produits chimiques, afin de protéger la santé des personnes et l’environnement et de contribuer à une utilisation écologiquement rationnelle de ces produits.

 

Si parmi la quarantaine environ de produits chimiques et pesticides que contient la liste figure bien l’amiante, celui-ci (oui, ‘amiante’ est un nom masculin) n’apparaît que sous ses formes actinolite, anthophyllite, amosite, crocidolite et trémolite seulement ; l’amiante chrysotile (amiante blanc) en est exclu. Et pourtant, depuis plus de 14 ans que des pays se battent pour que l’amiante blanc (chrysotile) soit inscrit dans la convention de Rotterdam, lors de la dernière édition de la convention, en mai 2019, la proposition a été rejetée en raison de l’opposition de certains pays soutenus par certains lobbies.

 

Les réunions de la convention de Rotterdam

Les parties à la convention se réunissent tous les deux ans. Lors de leur dernière réunion qui a eu lieu du 29 avril au 10 mai 2019 il a été décidé d’inclure deux nouvelles substances chimiques dans la liste de son annexe III (le phorate en tant que pesticide et l’hexabromocyclododécane en tant que produit chimique industriel).

Alors que, depuis des années, l’Union Européenne et toute la société civile internationale (ONG, think tanks, syndicats, associations de victimes de l’amiante...) se battent aux côtés d’un grand nombre de pays pour l’inclusion de l’amiante chrysotile dans la liste des produits visés par la convention, il n’en sera rien. En effet, pour inscrire l’amiante blanc dans la liste des produits dangereux, il faut un consensus entre tous les Etats-parties. Or les grands lobbies de l’amiante sont très présents et très convaincants avec certains pays dont notamment la Russie (le plus grand producteur mondial d’amiante), le Kazakhstan, le Zimbabwe, le Kirghizistan, la Biélorussie, la Syrie et l’Inde. (Vous saurez dorénavant où partir ou pas en vacances…)

Tout comme avec le CPA (Comité Permanent Amiante) en France, les lobbies font passer leurs intérêts économiques bien avant la santé des individus.

 

Pour mémoire : Le CPA ou Comité Permanent Amiante a été créé en 1982 par les industriels de l'amiante et Dominique Moyen, alors directeur de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). En 2005 lors de la mission d'information du Sénat sur l'amiante, le rapport parlementaire avait décrit cette structure informelle comme "un modèle de lobbying, de communication et de manipulation [sachant] exploiter, en l'absence de l’État, de pseudo-incertitudes scientifiques".

 

Si le lobbyisme du CPA a permis aux industriels de commercialiser de l’amiante bien après qu’il ait été jugé dangereux et bien après qu’il soit interdit dans de nombreux pays, le lobbyisme de l’amiante n’est pas éteint. Il continue même à tout faire pour poursuivre le plus longtemps possible un commerce facile (juste une roche à extraire) mais mortel.

Rendez-vous en 2021 à la prochaine réunion des parties à la convention de Rotterdam pour savoir si l’amiante blanc sera inclus dans la liste, 16 ans après la première proposition...

Sources : Le Monde - CNCD


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