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Nouveau DPE ; et si les logiciels n’étaient pas en cause ?

A l’heure où tout le monde fustige les logiciels agréés de calcul du nouveau DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), il peut être judicieux de chercher si l’erreur vient ou ne vient pas des logiciels. En effet, on peut se demander pourquoi, il a été décidé de faire entrer en vigueur le nouveau DPE au 1er juillet ‘quoi qu’il en coûte’ alors que plusieurs mois avant tous les professionnels alertaient sur le défaut de finalisation des logiciels.

Peut-être alors que la volonté de nos gouvernants était bien d’accélérer drastiquement la rénovation énergétique du parc résidentiel sans en avoir à l’avance envisagé les conséquences. Sauf que non seulement les fédérations de diagnostiqueurs et les agents immobiliers alertent sur la réduction insupportable du nombre de logements décents mais c’est aussi et peut-être surtout les offices HLM qui risquent de ne plus pouvoir héberger suffisamment de locataires. Alors le bug du DPE vient-il des logiciels ou des décideurs de son entrée en vigueur ?

Des diagnostiqueurs visionnaires ?

On ne peut pas présumer que les diagnostiqueurs immobiliers soient tous voyants extralucides, mais on devrait au moins reconnaître leur professionnalisme. Alors quand les premiers intervenants du DPE alertent sur un problème tel que le défaut de finalisation de ce DPE, on devrait apprendre à leur prêter l’oreille.

En outre, il n’y a pas que les diagnostiqueurs immobiliers à s’être inquiétés plusieurs mois avant juillet car même de nombreux éditeurs de ces logiciels réclamaient des délais supplémentaires. Sauf que, le ministère en charge a préféré valider provisoirement une version bêta plutôt que d’attendre qu’une version finalisée soit développée. C’eût été une grande première qu’une version bêta d’un logiciel soit adoptée sans modification comme version finale. Ça, tout le monde le sait, mais à condition de ne pas en faire une affaire d’ego. Or en restant campé sur sa position de ‘sortir’ le nouveau DPE au 1er juillet 2021, puis en ‘suspendant’ une partie de son domaine d’application, le ministère en charge s’est certes ridiculisé, mais plus grave encore, il discrédite les diagnostiqueurs immobiliers.

En effet, mesdames et messieurs nos gouvernants, lorsque vous ne serez plus aux manettes (mais recasés dans d’autres fonctions) les professionnels du diagnostic immobilier auront à faire face à de nouveaux détracteurs du DPE en raison de son manque de crédibilité. La sortie ‘quoi qu’il en coûte’ du nouveau DPE non finalisé au 1er juillet a fait, fait et fera encore bon nombre de victimes collatérales.

Des propriétaires désemparés

Un cas relaté par LeParisien illustre bien ce que de nombreux propriétaires ont eu à vivre en raison du nouveau DPE et ce que certains vont encore vivre.

Des logements qu’ils comptaient vendre ou louer deviennent ou deviendront indécents en raison de leur nouveau statut de passoires énergétiques. Pris à la gorge, certains ont vendu à prix cassé un local ne pouvant bientôt plus être considéré comme un logement, les autres seront tenus d’aller y vivre eux-mêmes ou de les transformer en bureaux s’ils veulent amortir un peu les charges y afférant.

Alors il est certain que, même vêtus de gilet jaune, les quelques centaines de propriétaires ainsi floués par le nouveau DPE ne sont pas une menace à l’ordre public, mais il n’en est plus de même lorsqu’il faudra y ajouter les milliers de résidents du parc HLM.

Car, si les alertes de l’UNIS, de la FIDI et de la FNAIM sont longtemps restées lettres mortes, il aura fallu que ce soient les offices HLM qui alertent le Gouvernement pour que celui-ci prenne les choses au sérieux. En effet, comment les offices de logement social peuvent elles gérer des centaines de milliers voire des millions de rénovation énergétique performante de logements indécents au regard du nouveau DPE.

A savoir : Il y aurait environ 5 millions de logements sociaux en France hébergeant 10 millions de locataires. Parmi ceux-ci 75 000 étaient en classe G du DPE avant le 1er juillet mais ils seront 200 000 voire plus à devenir passoires énergétiques avec le nouveau DPE non finalisé selon Union-habitat. Sauf que 200 000 logements à 2 personnes de moyenne cela ferait 400 000 personnes en gilet jaune à reloger obligatoirement conformément au DALO (Droit Au Logement Opposable).

Suspension n’est pas annulation

Suspendre les DPE pour les logements construits avant 1975 semble signifier qu’il est recommandé de ne pas les réaliser ; mais suspension ne vaut pas annulation.

Les passoires énergétiques déclarées par le nouveau DPE depuis le 1er juillet resteront donc des passoires énergétiques à moins de faire réaliser un nouveau DPE une fois les logiciels de calcul enfin finalisés. Mais qui paiera pour un nouveau DPE si les diagnostiqueurs doivent recalculer ou pire se déplacer une nouvelle fois pour ré-effectuer un nouveau-nouveau DPE ? Et si les propriétaires floués attendaient quelques temps pour contester un nouveau DPE qui demeurerait opposable ?

Il faudrait plutôt (et on attend les textes) que les DPE faussés soient annulés et que la réalisation d’un nouveau DPE bénéficie sine die d’un crédit d’impôt que le logement soit ou non proposé à la vente.

Et si le gouvernement n’avait pas fait d’erreur ?

Si le prix du kWh d’électricité n’était pas surestimé de 30 % par rapport à son tarif actuel mais que son tarif 30 % plus cher ne soit qu’une anticipation éclairée de ce qu’il nous attend dans quelques mois ?

Si une chaudière gaz un peu ancienne est considérée comme une chaudière fioul, ce n’est pas grave puisque de toutes façons il faut que tous les Français se chauffent à l’électricité pour renflouer EDF et Areva ?

A savoir : Certaines dérives flagrantes du nouveau DPE ont été mises en évidence par l’UNIS et la FIDI qui attendent un travail enfin sérieux de la DHUP d’ici le 4 octobre date de leur entrevue avec la ministre. Source CP UNIS-FIDI

S’il est question d’un malus environnemental sur les logements et immeubles énergivores, pourquoi ne pas déclasser le maximum de DPE pour faire entrer davantage d’argent dans les caisses des collectivités locales qui réclament la création d’un impôt nouveau ? Source Capital

Il faudra attendre jusqu’au 4 octobre au moins mais en attendant les diagnostiqueurs immobiliers ne pourront pas effectuer de DPE de logements anciens (antérieurs à 1975) et marcheront sur des œufs pour les DPE de tous les autres...


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